Covid long , impact psychologique ?
1/ Définition et fréquence du Covid long
La persistance de symptômes à distance de l’épisode aigu, est appelée « Covid long« . Toutefois, la définition du Covid long ne bénéficie pas encore d’un consensus scientifique.
Plus de 50% des patients présentent encore au moins un des symptômes initiaux de la Covid-19 1 mois après le début de la maladie, et environ 10% à 6 mois. Cette forme est appelé syndrome prolongé.
Selon une etude , 14,5% des personnes présentant un COVID-19 symptomatique serait malade pendant au moins 1 mois, et 5,1% pendant 2 mois et 2,2% pendant 3 mois ou plus ».
D’autres chercheurs estiment que 3 patients sur 4 ayant été hospitalisés présentent des signes de Covid long.
2/ Symptômes du Covid long
Les symptômes prolongés au décours de la Covid-19 peuvent survenir même chez des personnes ayant fait des formes peu sévères. Ces symptômes sont polymorphes, et peuvent évoluer de façon fluctuante sur plusieurs semaines ou mois. (liste non-exhaustive et susceptible de modifications vu le caractère évolutif de l’entité)
A/ Symptômes respiratoires
- essoufflements
- douleurs thoraciques
- dyspnée (notamment en montant les escaliers)
- toux
B/ Autres symptômes physiques (dont troubles somatiques fonctionnels)
- fatigue
- troubles digestifs
- diarrhée
- constipation
- anosmie
- agueusie
- tachycardie
- arthralgies
- troubles neurologiques (sensoriels, céphalées)
- paresthésies, sensation de brûlures
- oppression thoracique
- palpitations
- acouphènes
- vertiges
- troubles cutanés: prurit, urticaire, pseudo-engelures
- odynophagie (douleur à la déglutition)
- douleurs abdominales
- nausées
- fièvre
- frissons
- baisse ou perte d’appétit
- douleurs musculaires, tendineuses ou articulaires
C/ Symptômes psychiques
- perturbations du sommeil (insomnie)
- troubles de mémoire
- troubles de la concentration
- manque du mot
- sensation de brouillard, déréalisation
- troubles anxieux
- irritabilité
D/ Diagnostic du Covid long
Le diagnostic est posé par le médecin quand:
- le patient a présenté une infection au Covid-19 symptomatique, soit prouvée soit probable
- les symptômes initiaux persistent 4 semaines après le début aigu de la maladie,
- aucun diagnostic autre n’explique mieux les symptômes observés.
3/ Diagnostic différentiel
Le principal souci est que la plupart de ces symptômes est très peu spécifiques. On les rencontre dans de multiples pathologies, psychiques ou physiques. Le médecin généraliste éliminera les pathologies physiques, tandis que le médecin psychiatre éliminera les pathologies psychiques.
4/ Causes et facteurs de risque du Covid long
Les chercheurs n’ont pas encore élucidé le mécanisme causal du Covid long.
Les experts avancent plusieurs hypothèses :
- Les symptômes du Covid long sont simplement le signe d’une convalescence plus longue que pour la plupart des maladies infectieuses.
- Une persistance virale à bas bruit.
- Une réponse immunitaire et inflammatoire exagérée dans son intensité et sa durée.
- Des troubles somatoformes apparaissent. Les troubles somatoformes sont une entité psychiatrique, dont la particularité est de présenter des symptômes physiques plus que psychiques. Les médecins psychiatres manient ce diagnostic avec prudence afin de ne pas méconnaître un diagnostic physique.
- Apparition ou décompensation de troubles psychiatriques.
- Facteurs génétiques, hormonaux et/ou auto-immuns.
Sont plus à risque de Covid long:
- les personnes âgées,
- les femmes,
- patients présentant des symptômes multiples la première semaine de la maladie.
D’après la HAS:
Les troubles somatiques fonctionnels sont d’origine multifactorielle et leur étiologie n’est pas clairement établie. Toute fois, ils se chronicisent dans un contexte de facteurs psychologiques prédisposants (traumatisme psychologique et/ou personnalité favorisante).
On observe notamment des facteurs d’entretien tels que :
- conduites d’évitement des activités ou des circonstances déclenchant ou aggravant les symptômes;
- tentatives de reprise de contrôle : avis médicaux multiples et enquêtes sur le web;
- hypervigilance sur le fonctionnement des organes concernés par les symptômes;
- représentations anxiogènes qui pérennisent cette focalisation attentionnelle et les conduites d’évitement;
- iatrogénie et nomadisme médical;
5/ Complications
Le Covid long évolue par phases. Des phases d’exacerbation succèdent à des phases d’amélioration sur une période plus ou moins longue. Dans la majorité des cas, les phases d’exacerbation décroissent en intensité et en fréquence au fil du temps. Elles finissent généralement par disparaître. Toutefois, l’évolution présente une grande variabilité interindividuelle.
Les complications regroupent:
- chronicisation des symptômes avec séquelles
- dépression
- troubles anxieux
- refus de reconnaître la souffrance du patient par l’entourage ou les soignants.
- trouble stress post traumatique
6/ Prise en charge
Les éléments indiqués dans ce paragraphe ne sont bien sûr pas exhaustifs et sont à adapter à la situation de chacun. La prise en charge évoluera au fur et à mesure de l’avancée des données.
A/ Généralités
L’approche doit être globale. Il conviendra de:
- être à l’écoute des patients
- identifier les symptômes persistants
- éliminer des diagnostics différentiels
- éliminer de possibles complications
La HAS insiste sur le fait que les troubles somatiques fonctionnels peuvent être associés à (ou déclenchés par) une maladie organique mais nécessitent toujours une prise en charge spécifique. Un recours à un psychiatre est indiqué en cas d’épisode dépressif sévère ou de trouble anxieux associé, de risque suicidaire ou à la demande du patient.
B/ Prise en charge physique
- réadaptation à l’effort
- rééducation respiratoire: kinésithérapie de réadaptation de la fonction respiratoire puis de réadaptation à l’effort.
- douleurs articulaires et thoraciques : antalgiques et des anti-inflammatoires.
Le détail de ces prise en charge n’est pas développé dans cet article. (Voir site de la HAS)
C/ Prise en charge psychique
La souffrance psychique est constante. En effet, on observe une anxiété portant notamment sur l’évolution des symptômes. Par ailleurs, il peut exister aussi une angoisse liée aux répercussions des symptômes sur la vie professionnelle ou la vie de relations.
Dans certains cas, cela peut se compliquer de depression.
La première approche comprendra la réadaptation à l’effort.
Le médecin / psychiatre organise le traitement. Il sera principalement psychothérapique. A ce titre, la HAS recommande la TCC.
La TCC cherchera à briser les cercles vicieux de pérennisation des troubles. Notamment, le psy TCC visera:
- A contester les conduites d’évitement.
- Améliorer le sommeil.
- Restructurer les pensées automatiques.
- Prendre conscience de l’hyper attention sur les symptômes existant dans le Covid long.
La thérapie interpersonnelle est probablement la 2e psychothérapie à privilégier dans le cas du Covid long. En effet, il s’agit d’une psychothérapie ayant montré son efficacité dans l’épisode dépressif caractérisé. De plus, sa modélisation en transition de rôle est idéale pour accompagner les personnes en situation de maladie grave.
D/ L’essentiel selon la HAS (3)
- Devant un patient qui présente des symptômes prolongés au décours d’une Covid-19, il faut d’abord éliminer une complication de la phase aigüe, une décompensation de comorbidité et une autre cause que la Covid-19.
- Un examen clinique approfondi (dont un recueil d’informations bienveillant, la recherche d’une hypotension orthostatique et la mesure de la SpO2) peut s’aider d’échelles et d’un bilan paraclinique parcimonieux. Cet examen approfondi est nécessaire pour porter un diagnostic en rapport avec ces symptômes prolongés.
- L’écoute est empathique et explore le patient dans sa globalité, Le médecin traitant est au centre du dispositif. La stratégie diagnostique et thérapeutique doit être personnalisée et centrée sur la personne en l’accompagnant. Il faut inciter les patients à apprendre à s’autogérer, connaitre leurs limites mais continuer avoir des activités physiques même modérées (en l’absence de contre-indications).
- Les traitements actuels sont essentiellement symptomatiques.
- La rééducation a une place centrale : rééducation respiratoire en cas de syndrome d’hyperventilation, rééducation olfactive en cas de troubles de l’odorat persistants ou réentrainement à l’effort qui doit être mené de façon progressive et adaptée aux possibilités de chaque patient.
- L’exploration de troubles anxieux et dépressifs, de troubles fonctionnels et la proposition d’un soutien psychologique sont à envisager à toutes les étapes du suivi.
- Un recours doit être possible dans des organisations pluridisciplinaires et pluriprofessionnelles, au niveau territorial. Certains patients devraient pouvoir accéder à des services multidisciplinaires de rééducation, de réadaptation et de soutien.
cf d'après le site WWW.e-psychiatrie.fr