Notion d 'emprise psychologique ?
La Notion d 'emprise psychologique
Certaines victimes de violences ou d ‘une relation toxique mettent des années à rompre le silence et à rompre tout court. Dans l ‘après coup, ces personnes disent qu ‘elles étaient « sous emprise ». Qu’est-ce que cela veut dire ? On s ‘attachera ici à traiter le sujet dans le cadre de violences conjugales.
Beaucoup de personnes qui ne sont pas ou n ‘ont jamais été victimes de violences ou
d ‘une relation toxique, ont du mal à entrevoir le fait qu’une personne puisse continuer à rester dans une relation violente (physiquement ou psychiquement violente). Bien souvent elles les jugent et vont meme jusqu’à penser que « si la personne reste c ‘est qu ‘elle aime ça ». C ‘est une parole terrible pour les victimes car ce n ‘est jamais le cas.
Si la victime porte plainte on lui reprochera presque son silence, ou qu ‘elle ait mis autant de temps pour réagir, bref on la culpabilise encore et encore , elle qui souvent souffre déjà d ‘un immense sentiment de culpabilité inconscient qui la maintient dans cette relation souffrante. Pourtant si elle met tant de temps à rompre le silence c ‘est par peur ou par honte mais pas seulement, il y a aussi cette notion d ‘emprise qui la tient en laisse.
L’emprise c’est comme la partie visible de l’ iceberg : on n’en voit que la surface émergée, les violences physiques, les homicides. Mais si la personne sous emprise ne réagit plus aux coups, c’est parce qu’en amont, ces coups ont été préparés par de la violence psychologique ( voir mon article sur les cycles de violence dans la violence conjugale). La victime a fini par s’habituer à être dénigrée, disqualifiée…elle qui souvent a déjà une mauvais estime de soi.
Mécanisme de l ‘emprise:
Elle s’ établit avec le temps . Elle débute par une phase de séduction narcissique, une alternance de violences et de marques d’affection. Un brouillage s’opère.(alternance de choses gentilles dites par exemple puis de dénigrements et si vous réagissez, on vous reproche votre manque d ‘humour.)
Ce brouillage a un effet direct au plan cognitif sur le cerveau, il paralyse, sidère. La victime perd son esprit critique et complètement déstabilisée, elle ne sait plus quand ni comment réagir sous peine de se voir encore culpabilisée. C ‘est là que la soumission progressive à son agresseur s ‘installe parce que ce mécanisme fragilise de plus en plus la victime. Ensuite la victime sous emprise, va chercher du sens, des raisons de rester parce que le cerveau ne supporte pas la dissonance cognitive, et elle va se souvenir que des fois son agresseur sait aussi être gentil!.
L’emprise, c’est un lavage de cerveau. A un brouillage, renforcé par un climat d’intimidations (portes qu’on claque, objets qu’on jette ou brise ,couteau avec lequel on joue) et de menaces ( de mort , ou encore d’enlever les enfants, d’arrêter de verser de l’argent... voire de chantage au suicide).
L’emprise se traduit aussi par le contrôle, renforcé par les nouvelles technologies (téléphone portable..).
L ‘isolement est un autre mécanisme qui vient renforcer aussi l ‘emprise exercée donnant à l ‘agresseur les pleins pouvoirs. Il isole progressivement la victime de sa famille, de ses amis, de toute vie sociale, du monde du travail, il critique tout tiers qui pourrait permettre à la victime de remettre en question cette emprise, en lui disant par exemple » tu vaux mieux que ta famille, ils ne te méritent pas... des flatteries manipulatrices en fait visant à le mettre en valeur lui l ‘agresseur, et à ce que la victime rompe tout lien et finisse à sa merci.
Cet isolement progressif renforce la dépendance de la victime devenue quasi totale. La violence pendant ce temps ne fait qu’augmenter et affaiblir la victime qui peine à reconnaître sa situation ou en tout cas s ‘en sent complètement coupable, sans compter que sur un plan inconscient l ‘agresseur introjecte ( évacue) dans sa victime son propre sentiment de culpabilité.
La société n ‘aide pas trop non plus les victimes, les gens ne veulent pas s ‘en mêler, ont peur aussi de se tromper, de mal interpréter une situation ou d ‘avoir des ennuis aussi ou en veulent à la victime qui retourne dans les griffes de son bourreau. Cela renforce aussi
l ‘isolement de la victime.. Il y aura toujours quelqu’un pour dire à une femme maltraitée, « sois plus gentille, occupe-toi de lui… », comme si elle était responsable Les gens qui regardent la situation de l’extérieur pensent que si les victimes ne partent pas, c’est qu’elles ont un problème. En réalité, si elles ne partent pas, c’est qu’elles sont prises au piège.
Du coté de la victime :
Il se passe quelque chose aussi qui l’empêche d’ être aidée, c ‘est le déni dans lequel elle se trouve.
Quand on est sous emprise, on ne considère pas qu’on est victime de violences.Ce qui va aider les personnes à parler, c’est quelqu’un qui va éclairer les choses de l’extérieur. Certaines personnes prennent conscience de la violence quand elle se déplace sur les enfants par exemple.
Pourquoi la victime se soumet elle?
La soumission, c’est aussi une stratégie d’adaptation. Si elles choisissaient l’opposition frontale, elles pourraient aggraver la violence. Elle se protègent donc.
Elles essayent donc de négocier pour éviter que ça n’empire. On retrouve ce procédé dans les cas de harcèlement. Dans un premier temps, la victime va essayer d’esquiver, de trouver une stratégie pour calmer son harceleur. On parle parfois de viol conjugal, mais sous emprise, beaucoup de femmes disent que quand ça peut dégénérer, elles acceptent des relations sexuelles, y compris des pratiques sexuelles qu’elles désapprouvent habituellement. C ‘est pour faire chuter le tension, la montée de la violence.
L ‘emprise est difficile à prouver, et les victimes craignent qu’on doute d ‘elles, ou de passer pour folle.
L ‘agresseur peut aussi chercher à faire passer la victime pour folle, vu que souvent les choses se passent à huis clos. Sans témoins éclairés des violences psychologiques et ou physiques subies par la victime,
l ‘agresseur peut offrir un double visage qui discréditerait la victime. C ‘est ainsi qu ‘elle finit par se taire.
La victime n ‘a pas toujours non plus conscience des ses droits et que certains sont violés par son agresseur.(confiscation des papiers, séquestration...)
Dans tous les cas de relation toxique, ou violente, il est conseillé de monter un dossier pour se défendre en cas:
Idéalement, il faut pouvoir réunir des éléments de preuve : demander des certificats médicaux, rassembler des témoins, conserver des enregistrements, des SMS. (Marie France Hirigoyen , psychiatre
Peux t on aider une personne sous emprise?
Oui, il faut oser lui en parler. Ne pas être pressé pour ne pas l ‘affoler, l ‘aider à sortir du brouillard, retrouver son sens critique.Il faut l'aider à comprendre que ce qu’elle vit n’est pas normal. Et surtout, qu’elle peut s’en sortir. Il faut lui dire : "on peut vous aider".
Dans un premier temps, la victime peut encore être dans le déni ou bien se méfier de cette personne inconnue qui prétend vouloir l ‘aider, craindre un piège de son agresseur et des sanctions. Mais si vous ne forcez pas les choses, avec de la douceur et de la patience, vous pouvez réussir à gagner sa confiance, et petit à petit en discutant aider la victime à se demande si ce qu ‘elle vit là : c ‘est son choix de vie? si ça lui va ? si elle souhaiterait que ses enfants vivent cette meme vie une fois adultes?
Peux t on sortir de l ‘emprise d ‘un personne?
oui, ça prend du temps, et la victime a besoin de soutien. L ‘accompagnement doit inclure les périodes de retour de la victime vers son agresseur, du fait meme de cette emprise, et donc ne doit pas décourager les aidants.
Au contraire, la victime s ‘entraine par ces allers retours à s ‘autonomiser .Elle teste sa capacité, elle qui a été si souvent conditionnée.
Pour toute personne déjà dans un couple non pathologique, c ‘est déjà difficile de se séparer , alors pourquoi cela devrait il l’ être plus facile dans ce climat de terreur?
Numero utiles:
-pour les femmes : SOS Femmes Accueil (http://www.sosfemmes.com) ou par telephone:
01.45.84.24.24.
il y a aussi : Solidarité femmes (http://www.solidaritefemmes.org) ou par telephone: 3919
-pour les hommes: https://www.serviceaideconjoints.org/fr/ ou encore https://stop-hommes-battus-france-association.blog4ever.com ou encore https://www.entraidepourhommes.org (meme si ce dernier n’ est pas en France)
http://maprocedure.fr/88-couple/213-violences-conjugales-des-hommes-battus-comment-reagir